Lorsqu'un accident, un AVC (accident vasculaire cérébral) ou un infarctus survient, en plus de sa douleur, les proches sont souvent confrontés à la question du don d'organes. Face à la brutalité du décès, prendre la décision du don d'organes est une épreuve supplémentaire pour la famille. En dépit de tout le tact dont peuvent faire preuve les équipes médicales, cette décision est loin d'être facile, surtout lorsque les volontés du défunt ne sont pas connues. Que vous soyez donneur ou non, découvrez comment anticiper et aider ses proches à faire le bon choix ?
Les chiffres du don d'organes en France
Accepter le prélèvement des organes d'un proche, bien que cette décision soit très difficile à prendre pour la famille, est un acte de générosité sans limites. Pour la seule année 2020, en France, ce sont 1 355 donneurs d'organes qui ont été prélevés dans 170 établissements différents et ont donné lieu à plus de 4 500 transplantations ou greffes. L'âge moyen des donneurs était de 57 ans et la grande majorité de ces prélèvements ont été réalisés suite à un AVC. Chez les défunts potentiellement éligibles au prélèvement d'organes, l'opposition de la famille et des proches a représenté 61% des impossibilités de prélèvement d'organes.
Donneur présumé : ce que dit la loi
La loi est claire quant aux dispositions à prendre afin que vos décisions soient respectées : sans décision contre explicitement exprimée, chacun est donneur potentiel d'organes : on parle alors de donneur présumé.
Si vous êtes clairement opposé au prélèvement d'organes vous concernant, il est impératif de l'exprimer, que celui-ci concerne une partie ou l'ensemble de vos organes. Pour cela, vous pouvez produire un document écrit, daté et signé, stipulant clairement votre opposition au prélèvement. Il est également possible d'en discuter avec ses proches, ces derniers devant alors attester de votre refus devant l'équipe médicale. Il est néanmoins préférable de vous inscrire sur le fichier national des refus.
Enfin, au vu de la loi française, l’agence de la biomédecine a choisi, depuis 2018, de ne plus diffuser de carte de donneur d'organe, celle-ci pouvant induire en erreur certaines personnes. Toutefois, il est conseillé de posséder une carte de groupe sanguin valide, que vous gardez avec vous en permanence, afin de faciliter le travail des équipes médicales d'urgence.
Les conditions du prélèvement d'organes
Prérequis médical
La question du prélèvement d'organes ne concerne en France, qu'environ 1% des décès. Pour que l'équipe médicale puisse commencer à envisager un prélèvement, de nombreuses conditions doivent être réunies.
Tout d’abord, un collège de plusieurs médecins doit s'assurer que le défunt est en état de mort cérébrale ou de mort encéphalique. Cela signifie que son cerveau est mort, que plus rien ne s'y passe, que plus rien ne peut s'y passer. Seule la respiration et les fonctions cardiaques sont maintenues artificiellement. Sachez également qu'il n'existe aucune limite d'âge pour être donneur d'organes et de tissus. Les prélèvements d'organes sont possibles à tous les âges. D'un point de vue médical, il n'existe à proprement parler aucune contre-indication spécifique au prélèvement d'organes.
Confirmation de l'avis du défunt
Avant même d'entamer toute forme de discussions avec les proches du défunt, les équipes médicales consultent le registre national des refus. Si le nom du potentiel donneur n'y figure pas, elles se tourneront vers les proches pour savoir si le défunt a exprimé un refus, par oral ou par écrit, de son vivant. On entend par proches, la famille, le conjoint, le partenaire de PACS ou toute autre personne entretenant des liens affectifs étroits avec le défunt.
Si les proches témoignent d’un refus de donneur potentiel de son vivant, il leur sera demandé de faire une retranscription écrite afin d’en attester. Il est important de noter que ce n’est pas l’avis des proches qui est recherché, mais bien l’opinion que le défunt avait de son vivant sur le don de ses organes.
Déroulement de l’opération
Lorsque toutes les conditions sont remplies et que les proches et la famille ont confirmé l’accord du défunt au prélèvement d'organes, ce dernier est emmené au bloc opératoire exactement dans les mêmes conditions que pour toute autre intervention chirurgicale sur des vivants.
Entre le moment où les derniers détails administratifs avec la famille sont réglés et le prélèvement en lui-même, il s'écoule en général quelques heures. Le laps de temps est nécessaire à la coordination de toutes les équipes de prélèvement à travers la France. Dès lors que le prélèvement des organes de votre proche a débuté au bloc opératoire, c'est une véritable course contre la montre qui s'enclenche pour les équipes médicales. Après leur prélèvement, la durée de vie des organes avant la transplantation varie de 4 à 18 heures dans des conditions optimales.
Après le prélèvement, les équipes médicales s'assureront de refermer le corps, de le recoudre soigneusement, dans le plus grand respect de sa dignité. Il est, en effet, important de restituer à la famille une dépouille qui ne semble pas abîmée par l’intervention.
La restitution du corps du défunt après le prélèvement d'organes
Après le prélèvement d'organes, le corps est recousu et habillé. Il pourra être présenté aux proches et à la famille sans aucun stigmate de l'opération. En cas de prélèvement visible, pour la cornée par exemple, des prothèses seront mises en place afin de rendre son apparence initiale au corps du défunt.
En accord avec les désirs de la famille, le corps sera enlevé par l'entreprise de pompes funèbres choisie par les proches. Il sera traité comme n'importe quel autre défunt. Des soins de conservation et soins de thanatopraxie pourront alors être prodigués de manière classique ou selon le rite religieux du défunt.
Les dons sont anonymes
En France, le don d'organes est un acte gratuit et anonyme. Vous ne saurez jamais qui a reçu le ou les organes prélevés sur votre proche. En revanche, via le centre hospitalier où les prélèvements ont été réalisés, vous pourrez savoir quels types de greffes ont été réalisés, combien de vies les organes de votre défunt ont sauvés... Si l'anonymat des receveurs est maintenu, celui du donneur l'est également. Le prélèvement, tout comme le don d'organes ou la transplantation, sont des actes gratuits qui ne peuvent en revanche être réalisés que dans des CHU bien spécifiques dotés d'un plateau technique et des équipes spécialisées.